Artiste de Garde - Pétrole Rouge

" Toi qui viens pour me prendre, prends garde à toi "

Aurélie Dubois se définit comme une « artiste de garde ». Que comprendre ? Elle est, au sens strict, son propre « corps de garde », à la fois le bâtiment fortifié et le bataillon. Entendons par là qu’elle ne laissera à personne d’autre qu’elle-même l’opportunité de dire ce que sont « son » corps, « son » être, « sa » vie.

L’art d’Aurélie Dubois est essentiellement, fondamentalement autobiographique. (…)

On trouve dans l’oeuvre d’Aurélie Dubois, en abondance, des figures de corps déformés, des adultes aux têtes d’enfants, des portraits de mâles symboles de domination défigurés à coups de marteau, du sang aussi, celui des règles, celui du combat. Et des tresses, tant et plus, depuis quelques années. Les tresses : dans l’imaginaire, ce qui évoque la beauté féminine, la parure, la disposition à l’amour absolu. Chez Aurélie Dubois, plutôt, ce sera l’attachement, le lien qui encombre, le réseau tentaculaire des obligations d’être femme selon ce qu’en décide le pouvoir, jamais conciliant, on le pressent, ou jamais assez. (…)

Aurélie Dubois parlant d’elle-même parle d’un combat. De l’attachement à l’émancipation, si c’est possible. Tandis qu’il faut en passer par les multiples expériences de la féminité aspirant à être libre, à être elle-même sans tabou, à la face du Monde-Homme. Une combattante, une vraie, une pure et dure. « Artiste de garde » ? On ne peut mieux dire.

Paul Ardenne

Historien de l’Art, Critique d’Art et Commissaire d’Exposition

https://paulardenne.wordpress.com